(F) Catalina Otalvaro - Dangereuse Martyre (T. Jounaidi Al Delkhalek) FAIT

Vous êtes une fille de la rue, le dire n'a rien d'insultant, c'est ce que vous êtes et vous le revendiquez. Vous êtes née et laissée à la porte d'un orphelinat de São Paulo, la ville qui vous verra grandir et devenir une femme forte. Pour cause, vous avez la devise de la ville dans la peau, tatouage réalisé quand vous aviez dix-sept ans « Non ducor, duco » littéralement « je ne suis pas mené, je mène » [l'endroit du tatouage est laissé à votre appréciation].
A l'orphelinat vous étiez une enfant sage au début, parce que vous étiez trop jeune pour vous défendre et puis quand vous avez atteint votre dixième année, vous avez commencé à vous affirmer et vous êtes devenue une enfant terrible. La foi, très peu pour vous, cela passait mal, les critiques vous donnaient de l'urticaire, vous répondiez avec des insultes. Aussi quand à seize ans vous faites savoir que vous partez, personne ne vous retient.
Livrée à vous-même dans la rue, vous commencez à travailler comme simple serveuse dans un tripot sans aucun avenir sinon grâce à ses piliers de bar. Vous vous jurez de ne pas finir là, vous apprenez un peu la danse mais votre caractère bouillant vous font trop réagir aux critiques. La capoeira devient une porte de sortie, grâce à la patience de votre professeur.
Forte de ces expériences en danse et en capoeira, vous vous lancez dans une nouvelle aventure, la danse dans un bar, vous n'êtes pas très vêtue mais vous n'enlevez pas de vêtements, on ne vous touche pas, ça vous convient parfaitement, vous plaisez et vous adorez ça.
Le patron vous insupporte, toujours à vous déshabiller du regard, à s'introduire dans le vestiaire au "meilleur moment", alors dans l'ombre vous attendez, patiemment, tranquillement.
Enfin tranquillement, votre casier judiciaire voit apparaître quelques mentions, coups et blessures sur un homme vous ayant insulté, conduite en état d'ivresse, rien de méchant mais assez pour que le message soit clair, vous n'êtes pas une sainte.
Quelques bagarres et années plus tard, vous avez vingt-cinq ans, ça fait sept ans que vous êtes dans ce club, il est parfaitement placé au cœur de la ville mais il est géré sans ambition et vous avez constitué votre pécule. Un coup de poker, vous vous lancez, vous l'achetez et le succès est rapidement à la clef. Vous changez tout de l'ambiance, plus sensuelle, plus intriguant, plus intime, beaucoup plus classe, plus luxueux, vous aimez le luxe et vous ne vous en cacherez sûrement pas. D'autant que maintenant vous avez les moyens.
Pourtant vous ne quittez pas la scène et c'est là que votre cœur va vous trahir. Un jeune homme, apparemment ordinaire, même pas exceptionnel, vous semblez le captiver mais ça vous avez l'habitude. Le problème c'est que lui vous fascine aussi, pourquoi vous l'ignorez mais vous le voulez et quand vous voulez quelque chose, rien ne vous arrête. Les nuits torrides s'enchainent et votre cœur s'éprend malgré vous, vous ne lui dites rien, trop fière, trop inquiète de sa réaction jusqu'au jour où il vous annonce son départ pour retrouver son épouse.
Coup dur mais vous encaissez, vous êtes forte, vous n'avez pas besoin de lui.
Merde.
Si.
Vous prenez un vol pour Dubaï, ça ne vous ressemble pas de faire ça, vous attacher, faire quelque chose pour un autre que vous. Vous faites en sorte qu'on vous remarque, qu'on vous voie, vous allez bien le retrouver, non ? C'est bientôt le jackpot, vous êtes enlevée, vous détestez ça, oh oui vous détestez mais vous comprenez vite où vous êtes, vous voyez celui que vous voulez, vous voyez son épouse. Elle sera votre voie royale vers Jounaidi et vous ferez tout ce qu'il faut pour ça.
L'aventure ne fait que commencer, la blondasse devrait se méfier, vous avez des griffes et aucune peur de vous en servir.